Introduction
Lorsqu’on pense à les marques de motos françaises, deux images viennent spontanément à l’esprit : la nostalgie des grandes maisons disparues (Motobécane, Terrot, Gnome & Rhône…) et la fierté de voir perdurer des constructeurs audacieux comme Sherco, Voxan, Mash ou Midual.
Si la France n’a pas aujourd’hui le poids industriel du Japon ou de l’Italie, elle conserve un patrimoine exceptionnel et un savoir-faire artisanal qui séduit passionnés et collectionneurs. Ce guide vous propose un tour d’horizon complet : des pionniers du XIXᵉ siècle aux marques modernes, en passant par les défis et perspectives d’avenir.
L’âge d’or des motos françaises (1868 – 1960)
Les pionniers : Perreaux, Michaux et les débuts
L’histoire de la moto française commence très tôt. En 1868, Louis-Guillaume Perreaux dépose le brevet du vélocipède à vapeur, considéré comme l’une des premières motos de l’histoire. Dans les années qui suivent, plusieurs ateliers mécaniques français expérimentent, posant les bases d’une industrie florissante.
Les grands noms historiques
- Motobécane (fondée en 1923) : connue pour ses cyclomoteurs et ses motos populaires, elle fut l’une des marques les plus vendues en France.
- Terrot : marque dijonnaise, très active dans les compétitions et grande rivale de Motobécane.
- Gnome & Rhône : spécialisée à l’origine dans les moteurs d’avions, la marque produisit aussi des motos réputées pour leur robustesse.
- Alcyon, Dollar, Majestic : d’autres constructeurs contribuèrent à l’essor du deux-roues hexagonal, certains avec des modèles visionnaires, comme la Majestic et son design caréné futuriste (années 1930).
Le déclin industriel
Après la Seconde Guerre mondiale, la montée en puissance des constructeurs japonais (Honda, Yamaha, Kawasaki, Suzuki) et italiens (Ducati, Moto Guzzi) fragilise le marché français. Dans les années 1970-80, la plupart des grandes marques disparaissent ou sont absorbées, laissant un vide sur la scène internationale.
Les marques de motos françaises actuelles
Malgré ce déclin, la moto française n’a pas disparu. Elle s’est transformée : moins industrielle, plus artisanale ou spécialisée. Voici les principaux acteurs encore actifs.
Voxan Motors – l’électrique qui bat des records
Fondée en 1995 en Auvergne, Voxan a connu plusieurs vies. Après un arrêt de production, la marque a été relancée par le groupe Venturi et s’est spécialisée dans l’électrique.
Son modèle phare, la Wattman, a battu plusieurs records mondiaux de vitesse électrique, incarnant la volonté française de rester pionnière dans les mobilités de demain.
Sherco – la référence du tout-terrain
Créée à Nîmes en 1998, Sherco s’est imposée dans le domaine du trial, de l’enduro et du cross. Ses motos rivalisent avec les plus grandes marques internationales et sont utilisées en compétition par de nombreux pilotes.
Sherco incarne une France motarde sportive, technique et compétitive.
Mash – le rétro accessible
Mash, lancée en 2014 par la société française SIMA, joue la carte du vintage accessible. Inspirées des années 1970, ses motos (Seventy, Five Hundred, Dirt Track…) séduisent par leur style rétro et leurs prix compétitifs.
Avec plus de 25 000 modèles vendus en Europe, Mash est aujourd’hui l’une des marques françaises les plus visibles dans la rue.
Midual – l’artisanat de luxe
Impossible d’évoquer les marques de motos françaises sans parler de Midual, basée à Angers.
Cette maison rare fabrique des motos d’exception en séries très limitées. Son modèle emblématique, la Midual Type 1, se distingue par un design raffiné, une mécanique originale (moteur flat-twin longitudinal) et une finition sur mesure (cuir, bois, métal travaillé à la main).
Plus qu’une moto, Midual propose une œuvre d’art mécanique destinée à une clientèle de collectionneurs.
Brough Superior (Toulouse) – le luxe britannique fabriqué en France
Depuis 2013, l’iconique marque britannique Brough Superior est relancée à Toulouse par le designer Thierry Henriette. Les motos sont assemblées en France, alliant artisanat, luxe et haute technologie. Chaque machine est produite en petite série, avec un niveau de finition hors du commun.
Avinton – l’exclusivité sur mesure
Basée près de Montpellier, Avinton conçoit des motos au style musclé, souvent équipées de moteurs américains. Leur philosophie : proposer des machines ultra-personnalisées, assemblées à la main, pour une clientèle recherchant exclusivité et caractère.
Comparatif des marques françaises actuelles
| Marque | Positionnement | Modèle phare | Points forts | Limites |
|---|---|---|---|---|
| Voxan | Électrique / innovation | Wattman | Records mondiaux, image futuriste | Niche, production limitée |
| Sherco | Tout-terrain sportif | 300 SEF Factory | Compétitivité en enduro et trial | Peu connue hors discipline |
| Mash | Vintage accessible | Seventy 125 | Style rétro, prix attractifs | Fiabilité parfois critiquée |
| Midual | Luxe artisanal | Type 1 | Design unique, finitions sur mesure | Prix très élevé, série ultra limitée |
| Brough Superior | Hyper luxe | SS100 | Artisanat d’exception, héritage prestigieux | Production confidentielle |
| Avinton | Sur mesure exclusif | Collector GT | Personnalisation, design musclé | Diffusion restreinte |
Pourquoi les marques françaises peinent à rivaliser avec les géants ?
Plusieurs raisons expliquent la difficulté des constructeurs français à occuper une place centrale sur le marché mondial :
- Coûts de production élevés : fabriquer en France est plus cher qu’en Asie.
- Volumes restreints : difficile d’atteindre l’économie d’échelle des Japonais.
- Réseau de distribution limité : la visibilité reste faible à l’international.
- Positionnement de niche : beaucoup de marques visent l’artisanat, le luxe ou le spécifique (enduro, électrique), ce qui restreint la clientèle.
En revanche, ces contraintes sont aussi une opportunité : elles permettent de cultiver une image unique, à mi-chemin entre artisanat et haute couture mécanique.
L’avenir des motos françaises
L’électrique comme tremplin
L’électrification pourrait être le levier qui relance l’industrie française. Voxan en est la preuve, mais d’autres initiatives émergent, notamment sur le segment urbain avec de nouveaux acteurs.
Le retour du haut de gamme
Midual, Brough Superior et Avinton montrent que la France peut briller dans le créneau du luxe et de l’exception, à l’image de ce qui existe déjà dans l’automobile (Bugatti, Alpine).
L’importance du storytelling
Dans un marché saturé, raconter une histoire forte et mettre en avant le “Made in France” devient un argument marketing puissant. Le patrimoine historique (Terrot, Motobécane…) reste un socle solide à valoriser.
FAQ – Les marques de motos françaises
Quelles sont les principales marques françaises encore actives ?
Voxan, Sherco, Mash, Midual, Avinton et Brough Superior (fabriquée en France).
Quelle est la marque française la plus accessible ?
Aujourd’hui, Mash propose des modèles abordables et faciles d’accès, surtout en 125 cm³.
Quelle est la moto française la plus chère ?
Probablement la Midual Type 1, dont le prix dépasse largement les 100 000 €, véritable moto de collection moderne.
Existe-t-il encore des motos françaises de compétition ?
Oui, Sherco est très présente en enduro et trial, avec de beaux résultats internationaux.
Les marques françaises ont-elles un avenir ?
Oui, mais surtout sur des marchés de niche : électrique, artisanat, luxe ou tout-terrain. L’ère des grandes productions de masse semble révolue.
Conclusion
Les marques de motos françaises ne dominent plus le marché mondial comme autrefois, mais elles continuent de fasciner. Entre patrimoine historique et créations modernes, elles incarnent une certaine idée du deux-roues : passion, innovation et exclusivité.
Qu’il s’agisse de Sherco pour les sportifs, de Mash pour les citadins rétro, ou de Midual pour les amateurs d’objets d’exception, chaque constructeur français raconte une histoire unique.
Si la quantité n’est plus au rendez-vous, la qualité et l’identité, elles, restent bien vivantes.